En vente, dimanche 27 mars 2011.

Attribué à Gabriel Viardot, ameublement de salle à manger d’inspiration chinoise en noyer mouluré et sculpté, vers 1880-1900, 310 x 237 x 72 cm et 320 x 175 x 57 cm. Estimation : 15 000/20 000 euros. Enghien, dimanche 27 mars 2011. La tentation de l’Asie n’est pas une chose nouvelle. Si le XVIIIe siècle adorait les chinoiseries, réinterprétant à la mode occidentale des motifs empruntés à l’empire du Milieu, le XIXe siècle succomba au japonisme, cette fois directement inspiré par l’art nippon, qui commençait tout juste à se faire connaître. Contraint par les Américains à s’ouvrir au commerce international, en 1854, bouleversé quatre ans plus tard par la fin d’une domination militaire de sept siècles instaurée par les shoguns, le pays du Soleil-Levant fait face et entre de plain-pied dans l’ère Meiji des “lumières”. Le nouveau gouvernement impérial embrasse à bras-le-corps la modernité et sort de sa réserve, en participant notamment à l’Exposition universelle de 1867 à Paris. Une manifestation qualifiée d’”exposition chinoise et japonaise” par la Revue des Deux Mondes. Le ton est donné. Également présent lors cet événement célébrant les produits de l’art et de l’industrie, Gabriel Viardot remporte quatre médailles pour son travail, bien dans l’air du temps. Le sculpteur sur bois, qui a repris l’entreprise familiale d’ébénisterie en 1861, se lance en effet dans la production d’ameublement et d’objets de fantaisie, au style éclectique inspiré par l’Asie. Attribué à l’artiste, notre monumental décor de salle à manger illustre ce mariage de l’Orient et de l’Occident. L’ensemble comprend une large desserte encadrée par deux consoles d’applique, une façade de cheminée surmontée d’une pendule en forme de pavillon vitré à étagères, deux imposantes glaces mouvementées au décor inversé couronnant ces pièces d’ameublement. Aux lignes sobres des meubles ornés de frises de grecques rehaussées d’ivoire et de nacre à motifs floraux, répond la fantastique exubérance de dragons omniprésents, certains servant de lampe. Directement issus de la mythologie orientale, ces animaux ne sont pas sans rappeler cette prédilection des ébénistes de la Renaissance, comme sous la Régence, à faire figurer un bestiaire fantastique sur leur mobilier. Une tradition que Viardot réinterprète à sa manière en ce siècle féru d’historicisme. Exotisme et qualité d’exécution font de lui un créateur réputé, dont l’atelier, employant jusqu’à une centaine de personnes en 1885, a fourni des oeuvres à l’Escalier de Cristal, le fameux magasin du Palais-Royal. Récompensé par une médaille d’argent lors de l’Exposition universelle de 1878, Viardot obtient la médaille d’or en 1889. Gageons que notre pièce exceptionnelle, vendue sur désignation et visible in situ dans le nord de Paris l’après-midi du 25 mars, sera elle aussi primée par les amateurs...