Adjugé

Sébastien Stoskopff, Nature morte aux Röhmer et noix, panneau de chêne, 19 x 16 cm. VENDU 340 000 EUROS. Appréciez la sobriété de la composition, le jeu subtil des transparences, l’harmonie lumineuse... Prenez le temps de juger de la virtuosité du métier, d’admirer le rendu des différentes textures. On a en effet peu l’occasion de voir sur le marché les oeuvres du peintre strasbourgeois Sébastien Stoskopff. Pour cela, il faut plus sûrement se rendre dans quelques institutions, notamment au musée de l’OEuvre de Strasbourg, qui, riche de plusieurs tableaux de cet artiste redécouvert dans les années 1930, lui a consacré en 1997 une grande rétrospective. On recensait alors une soixantaine d’oeuvres de Sébastien Stoskopff, vingt-six seulement étant signées. Le peintre livre ici l’une de ses natures mortes les plus simples – épurée, devrait-on dire –, tant elle concentre la composition sur trois objets : un verre de Röhmer, une noix et un bâton d’encens. On est loin des grandes tablées et des vanités aux cinq sens de la période parisienne. Revenu à Strasbourg en 1641, Stoskopff se plaît alors à multiplier les représentations de verreries et de pièces d’orfèvrerie, atteignant une dextérité inouïe dans le rendu des transparences et des reflets. Il consacrera d’ailleurs neuf tableaux à ce fameux verre rhénan à pastilles, dont une nature morte vendue à Drouot en décembre 2004, fort proche de notre panneau inédit sur le marché. Authentifié par la spécialiste Michèle Caroline Heck, celui-ci date vraisemblablement des années 1640. On sait Stoskopff attaché au sujet de la vanité et de la nature morte allégorique. Dans notre petit panneau, la noix en trois parties est le symbole de la Trinité, le verre de vin prend la forme d’un calice dans lequel on devine le reflet de la fenêtre formant le signe de la croix. Offrande à Dieu, mais aussi message sur la fugacité de la vie, rappelée ici par le bâton d’encens qui se consume. Vanité et promesse d’immortalité... Stoskopff ne lésine pas sur les symboles. Enghien, dimanche 1er février. hôtel des ventes d’Enghien SVV. Cabinet Turquin. Gazette de l'Hôtel Drouot n°4 du 30 janvier 2009 - p 34